77è Assemblée Générale de l’ONU: L’Afrique veut traiter d’égal à égal avec les grandes puissances du monde
La 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies se tient dans un contexte marqué par de nombreuses crises, à commencer par la guerre en Ukraine. Ce sommet auquel ont pris part les Chefs d’Etat, les Chefs de gouvernement et personnalités de haut niveau des 195 pays membres de l’Organisation a été l’occasion d’aborder les grandes questions telles que le dérèglement climatique, la sécurité alimentaire, et a été marqué aussi par quelques rencontres africaines importantes. Certains représentants des dirigeants africains ont saisi l’occasion dans leur prise de parole, pour affirmer la maturité de l’Afrique au cours de ce rendez-vous planétaire. Des discours qui démontrent que le panafricanisme gagne du terrain de jour en jour.
Bon nombre d’intellectuels africains, de leaders d’opinion, de personnalités politiques et diplomatiques adhèrent de plus en plus aux idéologies panafricanistes. En témoigne le discours de Robert Dussey, ministre togolais des affaires étrangères vendredi à la 77è Assemblée Générale des Nations Unies à New York. « L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances quelles qu’elles soient. Les grandes puissances veulent réduire l’Afrique à une entité purement instrumentale au service de leurs causes et ne veulent visiblement pas que le continent puisse jouer un rôle important, voire un des rôles principaux dans le monde » a en effet déclaré le diplomate togolais.
Rappelons que juillet dernier a été marqué par une grande course de gagne terrain des grandes puissances sur le continent africain. D’un côté, le Président français Emmanuel Macron, en tournée dans 3 pays africains pour essayer de raviver la flamme de la coopération France- Afrique; de l’autre, le diplomate russe, Serguei Lavrov en opération de séduction pour rattacher l’Afrique à la cause russe; et d’un troisième côté, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken, dont le voyage en Afrique a été programmé juste après celle de son homologue russe en Afrique subsaharienne, comme pour concurrencer ou effacer les traces de passage de ce dernier.
Au regard de ces visites tous azimuts et agitations de ces puissances autour du continent noir, l’on se demande, que gagne l’Afrique en soutenant un camp contre un autre dans les grandes décisions qui se prennent au cours de ces sommets mondiaux dans des conflits d’intérêt qui ne l’engage pas ? C’est ce que le ministre a réitéré dans sa déclaration quand il relève « Ils s’efforcent le plus souvent à amener les Africains à adhérer à leur narratif et, in fine, les Africains servent utilement à soutenir un camp contre un autre. Quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de Sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre. L’Afrique est alors très courtisée, voire même mise sous pression par certains de ses pays partenaires »
Le représentant du Chef de l’Etat togolais au sommet de l’ONU a souhaité que les partenaires des pays africains changent de mentalité et privilégient un partenariat bénéfique pour tous en cette époque où les africains semblent être réveillés d’un lourd sommeil : « Beaucoup de pays africains ne se sentent plus aujourd’hui trop liés – au sens d’embrigadement – par l’histoire coloniale et se montrent très enthousiastes à travailler avec de nouveaux partenaires. L’ensemble de ces changements liés à l’Histoire elle -même dont l’essence est d’être « perpétuel devenir », mais aussi à la volonté manifeste de changement de paradigme sur la scène de la coopération en Afrique devrait amener certaines puissances à un changement de logiciel si elles veulent continuer de travailler avec les africains. Il y a un défi de changement de mentalité et de comportement chez nos partenaires qui viennent chacun, sans exception, en Afrique, avec des agendas avant tout dictés par leurs propres intérêts ».
Pour lui, l’Afrique a certes besoin de nouer des partenariats mais ceux-ci doivent être fondés sur une coopération de gagnant-gagnant « L’Afrique attend à plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde, avec les grandes puissances quelles qu’elles soient. Aujourd’hui les africains veulent être de vrais partenaires du reste du monde » a ajouté le chef de la diplomatie togolaise Robert Dussey.
Ce message fort donné par le ministre togolais est salué par tous les africains épris de liberté et soucieux du développement de l’Afrique. La déclaration rejoint la philosophie des visionnaires et révolutionnaires de la période post-coloniale, en l’instar de l’ex-Président burkinabè Thomas Sankara. Idéologie que défendent aujourd’hui les néo-panafricanistes dont Harouna Douamba, Président de l’ONG ANA (Aimons notre Afrique). En effet, ce leader d’opinion n’a jamais cessé de marteler que l’Afrique doit rompre avec toute forme de dépendance infructueuse et nuisible vis-à-vis des grandes puissances du monde et prendre sa destinée en main. M. Harouna Douamba s’insurge contre cette politique de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Selon lui, l’Afrique doit cesser de tendre la main à toute puissance dominatrice, s’imposer pour se faire respecter par le reste du monde.
Mawussé