CEDEAO – AES : Et si le Président Bio se débrouille de libérer d’abord la CEDEAO des chaînes de la servitude avant de parler d’un retour de l’AES? ?

Depuis sa prise de fonction à la tête de la présidence tournante de la CEDEAO en juin dernier, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a entamé une série de visites diplomatiques dans plusieurs pays de la sous-région. Objectif affiché : renforcer l’intégration, la sécurité et la cohésion au sein de la communauté ouest-africaine, avec une attention particulière à la situation qui a conduit à la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le président Bio s’est montré confiant, misant sur ses « bonnes relations » avec les dirigeants des trois pays sahéliens pour tenter une médiation. « Nous voulons que nos pays frères de l’AES reviennent au sein de la famille ouest-africaine », a-t-il déclaré, tout en soulignant l’importance de veiller à ce que « les pays en transition partagent les valeurs démocratiques » de la CEDEAO. Pour lui, il s’agit d’user du dialogue pour restaurer l’unité sous-régionale.

Cependant, une question plus profonde se pose : est-ce vraiment le retour des pays de l’AES qui est prioritaire, ou bien la refondation de la CEDEAO elle-même ? Depuis plusieurs années, cette institution peine à incarner une vision souveraine et indépendante de l’Afrique de l’Ouest. Son positionnement, souvent perçu comme aligné sur les intérêts d’acteurs extérieurs, notamment français, a considérablement affaibli sa crédibilité auprès de plusieurs peuples de la région.

La décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter la CEDEAO pour fonder l’AES est d’abord le reflet d’un rejet de cette orientation jugée néocoloniale, et d’une volonté de construire un modèle souverain, centré sur les priorités africaines : sécurité, développement endogène, respect des choix politiques internes.

Le véritable enjeu aujourd’hui n’est donc pas de convaincre les pays de l’AES de « revenir », mais de reconstruire une CEDEAO réellement panafricaine, débarrassée des influences extérieures et fondée sur le respect mutuel, la souveraineté des peuples et des États, et une solidarité authentique. Tant que ces fondations ne sont pas repensées, aucun dialogue ne sera pleinement fécond.

La CEDEAO de demain ne pourra être une simple continuité de celle d’hier. Elle doit être l’expression d’une Afrique de l’Ouest libérée, unie par choix, non par pression.

Amen K.

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