Togo GIABA : Vers une stratégie commune de financement durable pour le mécanisme anti-blanchiment.

Le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a poursuivi son plaidoyer cette semaine à Lomé auprès des parlementaires de la CEDEAO, réunis dans le cadre d’un séminaire de deux jours. L’échange a porté sur la nécessité urgente d’assurer un financement pérenne pour l’institution, dont les ressources sont fragilisées par les retards de contributions étatiques et la baisse des financements disponibles.

Après une rencontre avec le Comité de l’Administration et des Finances en début de semaine, l’organisation a mis l’accent sur le rôle essentiel des parlements dans la prévention de la criminalité financière et dans la gestion rigoureuse des finances publiques. Le séminaire avait pour objectif de renforcer la mobilisation des ressources budgétaires, tout en consolidant les mécanismes de transparence et de contrôle.

La cérémonie d’ouverture, tenue dans la capitale togolaise, a rappelé l’importance de placer la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au cœur des priorités régionales. Les travaux ont souligné que les commissions parlementaires, par leur rôle de contrôle et d’évaluation des budgets, constituent un rempart décisif contre les abus financiers et les pratiques illicites.

Les débats ont mis en lumière l’ampleur des pertes que subit l’Afrique chaque année à cause des flux financiers illicites, estimées à des dizaines de milliards de dollars, représentant plusieurs points de PIB. Ces ressources détournées privent les pays d’infrastructures, d’écoles ou d’équipements de santé, compromettant directement le développement. La supervision parlementaire a ainsi été présentée comme un impératif de sécurité nationale, capable de désorganiser les circuits de corruption et de préserver l’intégrité des systèmes démocratiques.

Ces réflexions interviennent alors que le GIABA s’apprête à lancer un troisième cycle d’évaluations mutuelles dès 2026, plus exigeant que les précédents, mais dont la réussite dépendra de moyens financiers stables. L’institution a rappelé que l’insuffisance de financements limiterait ses programmes d’assistance et de suivi des réformes. Le contexte régional ajoute à l’urgence : certains pays enregistrent des progrès dans la lutte anti-blanchiment tandis que d’autres connaissent des revers, et le retrait de certains États de la CEDEAO soulève des incertitudes quant à leur participation au mécanisme régional.

À l’issue des deux jours de travaux, un communiqué conjoint doit être adopté, assorti de recommandations et d’engagements. Mais le message central demeure : sans volonté politique commune et sans financement durable, la région risque d’affaiblir son principal outil de lutte contre la criminalité économique et financière.

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