AES : Quand les rêves africains deviennent le cauchemar des impérialistes.

« Ne nous y trompons pas, l’Alliance des États du Sahel (AES) fait encore rêver ». Les résultats de l’enquête réalisée pour Jeune Afrique dans six pays voisins démontrent sans équivoque, l’adhésion des populations à cette initiative de confédération sous le sceau de la souveraineté. Et ce n’est pas seulement un effet de mode ou une ferveur nationaliste passagère. Les peuples y voient une revanche, une reprise en main de leur destin, une gifle à un Occident qui, France en tête, a longtemps joué les gendarmes, les parrains, et parfois même les fossoyeurs.

Cette adhésion populaire n’est pas un simple réflexe anti-français. Elle s’enracine dans un récit de résistance et de réappropriation de la souveraineté. La publication soudaine de rapports d’organisations comme Human Rights Watch, documentant férocement les atrocités des groupes terroristes, un exercice moins systématique par le passé, participe à ce storytelling. Elle offre une forme de légitimation en externalisant la menace et en inscrivant la lutte dans un cadre moral acceptable, contrastant avec la narration du « chaos » souvent véhiculée à l’extérieur.

Face à cette dynamique, la France semble désemparée. Ses tentatives pour acter son retour dans le jeu sahélien butent sur une hostilité désormais structurelle. Tous les moyens déployés jusqu’alors notamment pressions diplomatiques, guerres de l’information, menaces sourdes ont visiblement échoué. La donne a irrémédiablement changé. La posture impériale d’antan sonne creux, surtout lorsque l’on observe les convulsions socio-économiques qui secouent l’Hexagone. Comment prétendre au rôle de puissance tutélaire et stabilisatrice quand on peine à stabiliser son propre modèle social ?

Cette défiance n’est pas une lubie ; elle est le fruit d’une lucidité. Les populations sahéliennes sont très méfiantes à l’égard des mots des impérialistes, car elles en ont mesuré le décalage avec les actes.

L’AES malgré ses défis, incarne donc d’abord une volonté, celle de tourner une page historique. Le pari est immense, périlleux. Mais il révèle une vérité essentielle : l’ère où les solutions devaient nécessairement venir de Paris est révolue. Le Sahel, à ses risques et périls, est désormais déterminé à écrire lui-même sa propre histoire. La France ferait mieux de l’écouter plutôt que de chercher à lui dicter sa conduite.

Amen K.

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