Mali : le CIRDI déboute Barrick Gold et conforte la souveraineté de l’État sur ses ressources minières

Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a rejeté, le 31 octobre 2025, la demande de mesures d’urgence introduite par la société canadienne Barrick Gold Corporation contre l’État malien. Ce refus marque une étape importante dans le bras de fer qui oppose Bamako à la multinationale autour de la gestion et de la fiscalité du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du pays.

Ce différend, qui dure depuis plusieurs mois, illustre la volonté du gouvernement malien de reprendre le contrôle sur ses ressources naturelles et de faire respecter les nouvelles règles fiscales et minières en vigueur. En 2024, les autorités avaient réclamé à Barrick environ 500 millions de dollars d’arriérés d’impôts et de pénalités, estimant que la compagnie devait s’acquitter de ses obligations conformément au nouveau code minier adopté en 2023.

Barrick Gold avait contesté ces montants, affirmant avoir déjà versé 85 millions de dollars en octobre 2024, avant de signer en février 2025 un accord de 275 milliards de FCFA (environ 438 millions de dollars) pour tenter de clore le différend. Mais les autorités maliennes, considérant que la société n’avait pas honoré tous ses engagements, avaient saisi trois tonnes d’or — d’une valeur estimée à 245 millions de dollars et placé le complexe Loulo-Gounkoto sous administration provisoire en juin 2025.

Face à ces mesures, la compagnie canadienne avait saisi le CIRDI, organe affilié à la Banque mondiale, pour obtenir une suspension immédiate des décisions de Bamako, arguant que celles-ci menaçaient la continuité de ses opérations. Le tribunal arbitral a cependant estimé qu’aucune urgence réelle ne justifiait une telle suspension, confirmant de facto la légitimité des mesures prises par l’État malien dans l’attente d’un jugement sur le fond.

Produisant plus de 600 000 onces d’or par an, la mine de Loulo-Gounkoto représente un pilier stratégique pour l’économie nationale. Le gouvernement malien entend désormais renforcer la transparence, la fiscalité et la participation locale dans le secteur minier, conformément à sa politique de souveraineté économique.

Cette décision du CIRDI est perçue par plusieurs observateurs comme une victoire diplomatique et juridique pour le Mali, qui réaffirme ainsi sa détermination à faire respecter ses lois et à protéger ses intérêts face aux grands groupes étrangers opérant sur son territoire.

Amen K.

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