AES : Une dynamique souverainiste affirmée au service de l’avenir du Sahel
Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger se réunissent à Bamako les 22 et 23 décembre pour un sommet crucial de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette rencontre, qui doit notamment désigner un nouveau président de l’organisation, est bien plus qu’une réunion de routine. Elle constitue un moment de bilan et d’affirmation pour une alliance née d’une volonté commune : reprendre en main la destinée collective face à des défis sécuritaires, diplomatiques et de développement sans précédent.
Fondée en 2023, l’AES s’est rapidement imposée comme une réalité géopolitique majeure. Elle est la matérialisation concrète d’une quête de souveraineté assumée par ses trois membres. Leur démarche est motivée par un constat partagé : la nécessité de trouver des réponses régionales, autonomes et solidaires à des menaces qui ignorent les frontières. La lutte contre le terrorisme est ainsi devenue le premier ciment de cette coopération, avec la mise en place d’opérations militaires conjointes et d’une force unifiée, illustrant une prise de responsabilité collective face à l’insécurité.
Mais l’ambition de l’AES va bien au-delà du seul champ sécuritaire. Ses dirigeants œuvrent à bâtir les piliers d’une intégration profonde et au service des peuples. La création d’institutions communes en est la preuve la plus tangible. L’élaboration d’un passeport et d’une carte d’identité biométrique confédéraux symbolise cette volonté de créer un espace de libre circulation et d’appartenance commune. Sur le plan économique, la future Banque confédérale d’investissement, dotée d’un capital initial de 500 milliards de FCFA, vise à financer des projets structurants et à affranchir le développement de la région de la tutelle financière extérieure.
Cette quête de souveraineté s’exprime également avec force sur la scène internationale. Les trois pays ont su coordonner leurs positions diplomatiques pour « parler d’une seule voix », comme en témoignent leurs retraits concertés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Ces gestes forts, bien que controversés, sont présentés comme des actes de rupture nécessaires avec des ordres régionaux perçus comme inefficaces ou inféodés à des puissances étrangères. Ils marquent une réorientation stratégique et la recherche de nouveaux partenariats.
Ainsi, le sommet de Bamako ne se résume pas à une passation de pouvoir. Il est l’occasion de saluer la trajectoire résolue de trois nations qui, par la force de leur union, redéfinissent les termes de leur sécurité, de leur développement et de leur place dans le monde. En faisant le choix de l’intégration confédérale, le Mali, le Burkina Faso et le Niger posent les fondations d’une souveraineté collective, offrant un modèle inédit de résilience et de solidarité face à l’adversité.
Amen K.
