AES : Washington relance sa coopération sécuritaire sur fond de rupture avec Paris

Dans un contexte de crise sécuritaire persistante et de bouleversements diplomatiques profonds au Sahel, les États-Unis multiplient les initiatives pour raviver leur coopération avec les pays de la région, alors que l’influence de la France s’effrite.

Du 8 au 10 juillet, Rudolph Atallah, haut responsable de la Maison Blanche chargé de la lutte contre le terrorisme, s’est rendu à Bamako. Il y a rencontré les ministres maliens des Affaires étrangères et de la Sécurité pour discuter d’une nouvelle dynamique sécuritaire. Les autorités maliennes ont insisté sur leur volonté de reprendre le contrôle de leur sécurité, de renforcer leurs capacités militaires nationales et d’intégrer la Confédération des États du Sahel (AES) dans la lutte contre le terrorisme. Bamako a également dénoncé le soutien supposé de puissances étrangères aux groupes armés.

À Ouagadougou, le 27 mai, le Sous-Secrétaire d’État américain pour l’Afrique de l’Ouest, Will Stevens, a rencontré le chef de la diplomatie burkinabè, Karamoko Jean Marie Traoré, en lui transmettant un message du président Donald Trump. Les discussions ont porté sur une coopération bilatérale respectueuse de la souveraineté du Burkina Faso. Stevens a aussi pris acte des critiques concernant les restrictions occidentales à l’acquisition de matériel militaire, et s’est engagé à intervenir sur ce dossier.

À Nairobi, le 30 mai, le commandant du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), le général Michael Langley, a reconnu l’impact du retrait américain du Niger en 2024 sur la recrudescence des attaques dans la région. Il a toutefois réaffirmé le soutien de Washington, notamment en matière de renseignement, de formation et d’assistance logistique.

Fin avril, le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine s’était déjà rendu à Washington pour relancer les relations bilatérales, rompues après la dénonciation des accords de défense par Niamey. Le retrait progressif des troupes américaines de la base d’Agadez avait alors été amorcé.

Ces efforts américains s’inscrivent dans un climat de rejet croissant de la France, accusée d’ingérence et de manipulations régionales par les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces derniers se sont rapprochés de la Russie, avec la présence croissante d’instructeurs russes sur le terrain.

Washington, malgré ses gestes d’ouverture, maintient certaines pressions : selon le Washington Post, le Niger et le Burkina Faso pourraient être sanctionnés sur le plan migratoire, figurant parmi les 25 pays ciblés par des restrictions de visas.

Amen K.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *