Cameroun : Les nouvelles politiques de l’emploi en faveur de la jeunesse, entre innovation numérique et entrepreneuriat.

Face au défi persistant du chômage et du sous-emploi des jeunes, le Cameroun déploie une stratégie renouvelée et multisectorielle pour offrir des perspectives concrètes à sa jeunesse, fer de lance de son développement. Ces nouvelles politiques, qui s’éloignent des modèles purement administratifs, misent sur l’innovation, la digitalisation et l’accompagnement vers l’auto-emploi.

Un pilier central de cette refonte est la digitalisation des services et la promotion de l’économie numérique. Le gouvernement, via l’Agence de Promotion des Petites et Moyennes Entreprises (APME) et le Programme National de Développement des Technologies de l’Information et de la Communication (PND-TIC), intensifie les formations aux métiers du numérique. L’objectif est de former une génération de développeurs, de spécialistes en cybersécurité, en marketing digital et en data analysis, capables de saisir les opportunités locales et internationales du secteur. Des incubateurs et des pépinières d’entreprises tech se multiplient à Yaoundé, Douala et Bafoussam, offrant un écosystème propice à l’éclosion de startups.

Parallèlement, l’accent est mis sur l’entrepreneuriat comme voie royale vers l’autonomie. Le dispositif « Plan Triennal Spécial-Jeunes » et les programmes de la Banque Camerounaise des PME (BC-PME) visent à faciliter l’accès au financement, souvent point de blocage majeur. Les garanties de prêt sont assouplies et des concours nationaux dotés de capitaux de démarrage sont régulièrement organisés. La formation au business plan et au management d’entreprise est désormais intégrée à de nombreux cursus universitaires et techniques.

Le troisième axe stratégique concerne l’adéquation formation-emploi. En partenariat avec le secteur privé, l’État réforme progressivement les curricula de l’enseignement technique et professionnel pour les aligner sur les besoins réels du marché du travail, notamment dans les secteurs porteurs comme l’agro-industrie, les BTP, les énergies renouvelables et la logistique. Des plateformes de mise en relation entre diplômés et entreprises, comme le « Guichet Emploi Jeunes », sont développées pour fluidifier l’insertion.

Ces politiques s’accompagnent d’une volonté de décentralisation des opportunités. Des pôles de croissance et des zones économiques spéciales sont développés en dehors des métropoles traditionnelles pour inciter les jeunes à entreprendre dans leurs régions d’origine et désengorger le marché urbain.

Ces initiatives marquent une évolution notable dans l’approche camerounaise de l’emploi des jeunes. En passant d’une logique de recherche d’emploi à une culture de création d’emplois et de valorisation des compétences du 21e siècle, le pays aspire à transformer son dividende démographique en un puissant moteur de croissance inclusive et d’innovation. Le succès de cette transition dépendra de la pérennité des financements, de la qualité de l’exécution et de la synergie effective entre l’État, le secteur privé et les bénéficiaires eux-mêmes.

Amen K.

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