États-Unis : Meta face à la justice, un procès historique pour abus de position dominante

Ce lundi 14 avril, Mark Zuckerberg comparaît devant un tribunal de Washington pour défendre Meta, son empire numérique, contre des accusations d’abus de position dominante. La Federal Trade Commission (FTC), autorité américaine chargée de veiller à la concurrence, reproche à Meta d’avoir racheté Instagram en 2012 et WhatsApp en 2014 non pas pour innover, mais pour éliminer des concurrents menaçants.
La plainte, déposée il y a cinq ans sous l’administration Trump, accuse Meta d’avoir sciemment cherché à verrouiller le marché. Instagram et WhatsApp, tous deux aujourd’hui au cœur de l’écosystème Meta, offrent à l’entreprise une quantité massive de données personnelles sur leurs utilisateurs. Cette consolidation lui confère un pouvoir quasi hégémonique, et limite fortement la concurrence dans le secteur des réseaux sociaux et de la messagerie instantanée.
La FTC réclame un remède radical : démanteler Meta en séparant Facebook d’un côté, Instagram et WhatsApp de l’autre. Une mesure d’une ampleur historique, comparable au démantèlement du géant AT&T en 1982, censée restaurer une saine concurrence sur un marché verrouillé.
Meta, dont le chiffre d’affaires a atteint près de 150 milliards de dollars en 2024, rejette fermement ces accusations. L’entreprise se dit pénalisée pour sa réussite et son avance technologique, affirmant que ses acquisitions sont le fruit d’une stratégie de croissance légitime.
Mais l’affaire est compliquée par des éléments à charge révélés par la FTC, notamment des emails internes de Zuckerberg. Dès 2008, il affirmait qu’il valait mieux « racheter plutôt qu’entrer en compétition ». Et en 2012, à propos d’Instagram, il reconnaissait vouloir « neutraliser un compétiteur potentiel ».
Le procès s’annonce long, avec de nombreux témoins attendus à la barre. Son issue pourrait remodeler durablement le paysage numérique mondial. Si la justice tranche en faveur de la FTC, ce serait un signal fort : même les géants de la tech ne sont pas au-dessus des lois.
Amen K.