Mali-Russie: Vers une rupture de la coopération Bamako-Kremlin?
Plusieurs sources sécuritaires et diplomatiques maliennes font part d’une discordance entre Bamako et Moscou. Le panafricaniste Harouna Douamba n’a-t-il pas raison quand il appelle les Chefs d’Etat à s’unir pour établir une solide coopération sud-sud ?
C’est la question que l’on se pose quand on tombe sur la une du journal « le jour plus ». Après investigation auprès de sources sûres, nombreux sont les journalistes qui révèlent que le torchon brûle entre Bamako et Kremlin. En effet, il y’a quelques jours, certains militaires maliens ont fait une vidéo à visage découvert montrant leurs conditions de vie misérable et le taudis qui leur servent de casernement à Macina dans le centre du pays. Sur les différents fronts, les hommes de rang grognent à propos de la négligence dont ils sont victimes . En outre, plusieurs sources sécuritaires informent d’une profonde mésentente au sein de l’armée malienne en général, et de la junte au pouvoir en particulier. Une mésentente qui a conduit à la division en deux camps de l’organe dirigeant du pays.
La principale cause de cette tension est le choix stratégique du Président Assimi Goîta, et surtout la présence de Wagner dans le pays. Un sergent-chef en poste dans la zone du sahel occidental fustige le traitement particulier dont bénéficie les mercenaires de cette société russe au mépris des militaires maliens, alors que la présence de ces soldats russes ne fournit aucun résultat palpable en matière de lutte contre le terrorisme, selon lui : « Avec 6.500.000 FCFA par mois, un soldat de Wagner touche le salaire de plus de 100 militaires Maliens », fulmine-t-il avant de préciser une note de désespoir « Si tous ces milliards qu’on gaspille sur Wagner, sans aucun résultat sur le terrain, avaient été investis sur notre propre armée pour acquérir des équipements et recruter plus d’hommes, nous aurions déjà obtenu des résultats palpables ».
Parmi les 5 colonels tombeurs de Ibrahim Boubacar Kéita, seuls Assimi Goïta et le colonel Sadio Camara (ministre de la défense) sont notoirement favorables à la Russie, les colonels Diaw (président du conseil national de la transition du Mali) et Wagué (Ministre de la réconciliation nationale), ne partagent pas le rapprochement avec la Russie, au détriment de la France. Un responsable politique malien soutien de la junte explique « Diaw et Wagué étaient favorables à une coopération officielle avec l’Etat russe, plutôt qu’à travers le truchement des mercenaires de Wagner ».
Si la présence de Wagner sur le territoire malien (et les liens étroits établis entre Bamako et Kremlin) est source de dissension entre les dirigeants actuels du pays, c’est que la coopération Mali-Russie va bientôt prendre un coup dur. En plus le pays ouest-africain est en brouille avec plusieurs états voisins en l’occurrence le Niger, la Côte d’Ivoire, le Tchad… En témoigne le discours très offensif livré par le Premier ministre Abdoulaye Maïga à la 77è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Or la lutte transfrontalière contre les manœuvres des groupes djihadistes ne peut se faire sans une collaboration et un travail d’équipe avec les états limitrophes.
Le Président de l’ONG Aimons Notre Afrique (ANA), Harouna Douamba n’a cessé de marteler que les pays africains doivent cesser de tendre la main aux occidents et toute autre puissance dans quelque domaine que ce soit. Car en réalité, ces pays ont tous les mêmes intentions: la recherche de leur intérêt personnel. Pour lui, il ne s’agit pas de rompre avec la France pour se tourner vers la Russie. Il est plutôt question de privilégier la solidarité et l’unité d’action entre les états africains pour une vraie coopération gagnant-gagnant. Ce n’est que cette façon que l’Afrique pourra émerger et se tailler une place au soleil, martèle le panafricaniste.
Malika