Ouganda: Promulgation de la loi contre l’homosexualité/ le Royaume-Uni fait une réaction « ridicule »
Le Royaume-Uni a réagi ce lundi suite à la loi anti-homosexualité, que vient de promulguer son ancienne colonie, se disant «consterné» par ce qu’il appelle loi «profondément discriminatoire», et mettant en garde contre les persécutions et risques de maladie.
A travers un communiqué publié ce lundi 29 mai, le secrétaire d’Etat anglais aux Affaires étrangères, a exprimé sa consternation:
«Le gouvernement du Royaume-Uni est consterné que le gouvernement ougandais ait signé la loi anti-homosexualité profondément discriminatoire», a laissé entendre Andrew Mitchell.
Selon le diplomate , «cette loi sape les protections et libertés de tous les Ougandais garanties par la Constitution » du pays. Ce texte «augmentera les risques de violences, de discriminations et de persécutions, fera reculer la lutte contre le sida et abîmera l’image de l’Ouganda sur la scène internationale», a-t-il poursuivi.
Le secrétaire d’Etat britannique, se basant sur les principes de la déclaration universelle des droits de l’Homme, ajoute que « les sociétés les plus fortes, les plus sûres et les plus prospères sont celles où tout le monde peut vivre librement, sans craindre violences et discriminations, et où tous les citoyens sont traités justement et peuvent jouer un rôle plein et actif dans la société ».
En rappel, le président Museveni avait demandé fin avril aux parlementaires de «réexaminer» le texte et de préciser que le «fait d’être homosexuel» n’était pas un crime mais que seules les relations sexuelles l’étaient.
Dans le nouveau texte, les parlementaires ont toutefois maintenu, contre l’avis du Chef de l’Etat, une disposition faisant de «l’homosexualité aggravée» un crime capital, ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort. Or en Ouganda, la peine capitale n’est plus appliquée depuis des années.
La promulgation de la nouvelle loi suscite un tollé de la part des ONG, des organisations internationales et des autorités des puissances occidentales.
Alors que «Le Royaume-Uni est opposé à la peine de mort en toutes circonstances», le Haut Commissariat de l’ONU dénonce un «texte discriminatoire – probablement le pire au monde en son genre».
Néanmoins Anita Among, présidente du Parlement ougandais, s’est félicitée ce lundi de la promulgation du nouveau texte, par M. Museveni, qui qualifie lui-même régulièrement l’homosexualité de «déviance».
«En tant que Parlement ougandais, nous avons tenu compte des préoccupations de notre peuple et légiféré pour protéger le caractère sacré de la famille (…) Nous sommes restés fermes pour défendre la culture, les valeurs et les aspirations de notre peuple», a déclaré la parlementaire dans un communiqué.
Cette loi bénéficie d’un large soutien populaire en Ouganda et auprès de la communauté africaine.
Plusieurs observateurs africains qualifient la sortie du Royaume Uni de « ridicule», et interrogent: en quoi une loi interdisant les pratiques contre-nature et déboires occidentaux importés pourra constituer un frein à la lutte contre le sida et abimera l’image de l’Ouganda sur la scène internationale?