Togo : Loi de finances rectificative pour ajuster le budget 2025 aux réalités économiques.
Face à un environnement économique incertain, le gouvernement togolais a adopté, mercredi 17 décembre en Conseil des ministres, un projet de loi de finances rectificative pour l’exercice 2025. Cette décision vise à « garantir la sincérité et la transparence » en réajustant les prévisions budgétaires initiales aux nouvelles réalités nationales et internationales, selon le communiqué officiel.
Les ajustements opérés révèlent une conjoncture tendue. Les recettes budgétaires sont revues à la baisse à 1 472 milliards de francs CFA, soit une diminution de 1% par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale. Cette révision reflète probablement des rentrées fiscales plus faibles que anticipées, dans un contexte de ralentissement économique.
À l’inverse, les dépenses de l’État sont augmentées de 2,3%, pour atteindre 1 717,1 milliards de FCFA. Cette hausse, face à des recettes en baisse, creuse mécaniquement le déficit. Le projet de collectif budgétaire fait ainsi ressortir un déficit de 245,1 milliards de FCFA.
La gestion de ce déficit retient l’attention. L’exécutif a prévu de le financer intégralement par le « solde positif de la trésorerie ». En d’autres termes, l’État entend puiser dans ses réserves de liquidités disponibles, sans recourir à un nouvel emprunt sur les marchés financiers nationaux ou internationaux pour le combler à court terme. Cette approche est analysée par les observateurs comme une démonstration de prudence et de discipline budgétaire immédiate. Elle permet d’absorber un choc sans alourdir immédiatement la dette publique, préservant la soutenabilité des finances à court terme.
Cependant, cette stratégie n’est pas sans limites. Les réserves de trésorerie de l’État ne sont pas inépuisables. Si les déficits financés de la sorte se répétaient, cette marge de manœuvre pourrait s’amenuiser rapidement. À moyen terme, le gouvernement sera confronté à des choix structurels : soit parvenir à augmenter les recettes (par une meilleure collecte ou une relance économique), soit maîtriser ou réduire la croissance des dépenses, soit finalement recourir à l’endettement.
Cette rectification intervient alors que le budget 2026, en cours d’adoption, table sur une enveloppe en forte hausse de près de 15% (2 751 milliards FCFA), avec une orientation sociale et transformative affirmée. La loi rectificative pour 2025 apparaît ainsi comme un ajustement technique et prudent, destiné à naviguer dans une période de turbulences avant la mise en œuvre d’un budget 2026 plus ambitieux. Son adoption définitive est conditionnée au vote du Parlement.
Amen K.
