Tunisie : Sommet TICAD/ Absence déplorée du Maroc

Du 27 au 28 août 2022, s’est tenue la 8è édition du sommet TICAD qui a réuni plusieurs pays africains autour du Japon. Plusieurs thématiques ont meublé cette rencontre qui a permis d’identifier les moyens de parvenir à la résilience, l’inclusion et l’abondance en Afrique, dans un contexte de crise marqué par l’épidémie mondiale du nouveau coronavirus, le réchauffement climatique et la situation en Ukraine. L’Empire du Soleil s’est engagé à soutenir le continent africain dans ses efforts de développement  avec un fonds de 300 milliards, à appuyer entre autres le domaine de l’agriculture et de la santé.

Attendu à ce sommet, le Roi du Maroc a finalement faussé compagnie à ses pairs du continent. Et pourtant le Royaume est un acteur incontournable en Afrique dans les questions liées au développement.

La raison est la présence du leader du Front Polisario, Brahim Ghali avec un accueil présidentiel au tapis rouge et un protocole réservé à un chef d’État, dont lui a fait honneur le président tunisien. Cela a déplu au Maroc qui s’est retiré de la conférence et a suscité de vives réactions de certains pays.

Le pays a à cet effet publié un communiqué de presse pour condamner le pays hôte : « la Tunisie, contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, a décidé unilatéralement d’inviter l’entité séparatiste », a déclaré le Ministère des affaires étrangères du Maroc.

En réplique, la Tunisie a exprimé son « profond étonnement » sur la réaction de la diplomatie marocaine et a rappelé son ambassadeur à Rabat « pour consultations » avant de faire remarquer que le pays observe une « neutralité totale sur la question du Sahara occidental, en conformité avec la légitimité internationale », tout en dénonçant des « préjugés inacceptables à l’égard de Tunisie ».

Emboitant le pas au Maroc, le Président sénégalais et de la Commission de l’UA « regrette que ce rendez-vous de la TICAD soit marqué par l’absence du Maroc, un éminent membre de l’union africaine, faute de consensus sur une question de représentation. Nous espérons que ce problème trouvera une solution durable à l’avenir pour la bonne marche de notre organisation et de nos partenariats dans un cadre serein et apaisé ». a-t-il déclaré.

Faustin Archange Touadera pour sa part a dans son discours réitéré que « la République Centrafricaine soutient la déclaration du Président Macky Sall, Président en Exercice de l’Union Africaine quant à l’absence du Maroc ainsi que le non-respect des règles établies pour la participation à ce Sommet ».

De son côté, le président de la Guinée Bissau et président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo, a quitté la 8ème TICAD pour protester contre la participation du « Polisario » imposée par la Tunisie.

Rappelant la philosophie et l’essence de la TICAD qui œuvre à l’unisson de visions, le Burundi, quant à lui, a regretté, également, l’absence du Royaume du sommet Afrique-Japon.

« Nous regrettons l’absence du Royaume du Maroc de la Ticad 8 suite au manque de consensus lors des négociations qui ont précédé ces assises », a affirmé le président burundais, Evariste Ndayishimiye lors d’une séance plénière sur paix et sécurité dans le cadre de la TICAD.

« Nos vœux les plus ardents du Burundi est d’éviter de telles divisions lors des prochaines sessions », a-t-il insisté.

En réaction à cette démarche hostile au Royaume, le Liberia s’est dit « surpris de la présence imposée d’une délégation (Polisario) en violation des procédures de la TICAD ».

Même son de cloche à propos de l’absence du Maroc, le ministre libérien des Affaires étrangères, Dee-Maxwell Saah Kemayah, a appelé à « la suspension de cette session jusqu’à résolution des problèmes relatifs aux procédures ». Il a poursuivi en précisant l’importance de respecter les règles et les procédures relatives à l’invitation des personnes et délégations, établies conjointement avec le Japon, appelant à se conformer aux décisions de l’Union africaine relatives au format de la participation dans des rencontres de partenariat.

Les Iles Comores ont également exprimé le même regret quant à l’absence du Maroc, « un pilier de l’Afrique », de la TICAD 8.

« Je voudrais exprimer notre regret pour l’absence du Maroc, un pilier de l’Afrique pour des raisons de conformité des règles établies jusqu’ici pour l’organisation de ce sommet de la Ticad », a affirmé le Président des Iles Comores, Azali Assoumani, à l’ouverture de cette conférence.

Le soutien au Maroc a été exprimé aussi par la Guinée équatoriale, dont le ministre des Affaires étrangères, Simeón Oypno Esono Angue, a fait part de son regret vis-à-vis l’absence du Royaume de Maroc, »un pays d’une importance particulière », de la TICAD.

La délégation japonaise quant à elle, a fait une déclaration lors des travaux de la première séance plénière du sommet de la TICAD-VIII, dans laquelle elle réaffirme que « la TICAD est un forum de discussion sur le développement de l’Afrique » et que « la présence de toute entité, que le Japon ne reconnaît pas comme un Etat souverain, aux réunions liées à la TICAD 8, y compris la réunion des hauts fonctionnaires et la réunion au Sommet, n’affecte pas la position du Japon concernant le statut de cette entité »

Le Polisario est un mouvement politique et armé du Sahara Occidental, et créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole.

C’est cette parcelle de terre, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, qui oppose depuis 1976 le Maroc au Front Polisario et fait d’eux des ennemis jurés.

Rappelons que l’accueil de Brahim Ghali en Espagne, en avril 2021, pour y être soigné, avait provoqué la colère du Maroc, et déclenché une crise majeure entre Madrid et Rabat. Le point culminant de ces tensions a été l’arrivée, en mai de la même année, de plus de 10 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta à la faveur d’un relâchement des contrôles par les autorités marocaines.

Mawussé

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