Turquie: L’inflation a atteint un niveau record de 85,51% en octobre
Selon les données officielles des autorités turques, l’inflation a atteint en octobre, son plus haut niveau depuis 25 ans, 85,51% . Des chiffres que certains économistes indépendants contestent, relevant que la hausse a atteint 185% sur l’année.
Ce jeudi matin, la livre turque restait stable à l’annonce de ces nouveaux chiffres tant la hausse était attendue: la monnaie nationale a déjà dégringolé de 28% face au dollar depuis le 1er janvier, après une dépréciation de 44% observée en 2021. Pour le bureau officiel des statistiques (la Tuik), les secteurs les plus touchés sont ceux dépendants du prix de l’énergie. Ce sont les transports, en hausse de 117% sur les douze derniers mois, l’alimentation (+99%) et le logement (+85%). Une situation qui complique de jour en jour le vécu quotidien des turcs.
Ces chiffres officiels sont cependant contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Nage). Ceux-ci affirment que la hausse des prix a atteint 185% sur l’année, dont 115% depuis le 1er janvier. Près de la moitié (48%) des salariés perçoit le salaire minimum, qui s’élève à 5500 livres turques, soit moins de 300 dollars.
La double hausse du salaire minimum intervenue cette année ( +50% en janvier et +30% en juillet), n’a pas fait bouger les lignes. Au contraire, l’hyperinflation est un sujet qui défraie la chronique à l’approche de l’élection présidentielle prévue en juin 2023. Une élection, à laquelle le président Recep Tayyip Erdogan sera candidat à sa succession. Or la politique monétaire du président encourage l’inflation.
La Banque centrale a de nouveau abaissé en octobre, pour le troisième mois consécutif, son principal taux directeur de 12% à 10,5%.
À rebours des théories économiques classiques, le président Erdogan affirme que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation. Le chef de l’État, qui dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix, promet régulièrement que la Turquie «surmontera» le problème de l’inflation après le Nouvel an. Mercredi, le président s’est même félicité de la bonne santé de l’économie turque: «Dieu merci, les roues de notre économie tournent. Notre modèle économique, que nous avons résumé comme étant la croissance par l’investissement, l’emploi, la production, l’exportation et l’excédent courant, porte ses fruits».
Baya