AES :  L’hiver noir ou l’hypocrisie impérialiste ? quand Washington se déguise en sauveur chrétien au nom de sa politique expansionniste.

Le Président Traoré a parlé d’un « hiver noir » en préparation contre l’Alliance des États du Sahel (AES). Quel froid, dites-vous ? Rassurez-vous, ce n’est pas une nouvelle ère glaciaire, mais simplement la vieille recette de l’impérialisme, réchauffée au micro-ondes et servie avec une sauce humanitaire.

La preuve par l’absurde nous vient du Nigeria, ce géant aux pieds… d’argile et de drones américains. La première puissance économique d’Afrique de l’Ouest, incapable de sécuriser son propre territoire, vient d’offrir gracieusement une partie de sa souveraineté aux États-Unis. Sous le prétexte aussi soudain que commode de « protéger les chrétiens » du Nord, Washington a décidé, en 2025, de lancer ses propres frappes. On frémit d’émotion : quelle sollicitude ! Quel altruisme ! Il est évident que la seule motivation de l’Oncle Sam est le salut des âmes, et certainement pas l’accès aux ressources, le contrôle géostratégique ou la mise sous tutelle d’un rival régional potentiel.

Cette farce tragique est, en réalité, un test grandeur nature. Le scénario est écrit à l’encre sympathique, lisible seulement à la lumière des intérêts occidentaux : 1) Identifier une minorité religieuse en danger, 2) Décréter l’État concerné « défaillant », 3) Brandir le drapeau de la « Responsabilité de Protéger », 4) Envoyer les missiles tomahawk, les « conseillers » et les bases militaires. Et hop, le tour est joué !

Le message adressé à l’AES est limpide : « Vous, les insolents de Bamako, Ouagadougou et Niamey, qui avez chassé nos ambassadeurs et nos armées, qui osez regarder vers d’autres horizons, vous êtes les prochains sur la liste. Vous avez, vous aussi, des chrétiens ? Des conflits ? Parfait ! Nous avons justement une solution… militaire. »

Il est ahurissant, en effet, de voir un Nigeria se vendre ainsi à l’encan sécuritaire. Mais il est plus effrayant encore de comprendre que ce précédent crée un droit d’ingérence sur mesure. Demain, sous le fallacieux prétexte de « sauver » une communauté, on pourra justifier une intervention contre le Burkina, le Mali ou le Niger. La menace n’est pas que militaire ; elle est narrative. Elle consiste à fabriquer une réalité médiatique où les États de l’AES seraient des « États-voyous » laissant leurs populations à l’abandon, nécessitant l’intervention salvatrice de chevaliers blancs… aux mains pleines de pétrole et d’uranium.

Préparons-nous donc à cet « hiver noir ». Mais ne nous y trompons pas : la tempête ne viendra pas du désert, mais des studios d’Hollywood et des bureaux climatisés du département d’État, où l’on écrit, depuis des décennies, les mêmes scénarios de prédation, avec simplement un changement de costumes et de prétextes. L’AES doit rester unie, vigilante et surtout, railler avec la plus féroce des ironies cette comédie larmoyante qui tente de cacher un nouvel acte de pillage. La farce est si grossière qu’elle en devient insultante. Rions-en, pour ne pas en pleurer.

Amen K.

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