Afrique : Critiques acerbes contre la reine Elizabeth II

Le décès de la reine Elizabeth II a suscité une vague d’émotion, d’hommages et de témoignage des chefs d’état et autres personnalités politiques et institutionnelles de par le monde. Toutefois, son départ ravive des souvenirs douloureux dans certaines anciennes colonies britanniques d’ Afrique et en Inde où elle est indexée comme la cause ou étant complice des grands malheurs qu’ elles ont connus .

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à l’annonce de la mort de la monarque, a salué sa mémoire, en la décrivant comme une personnalité extraordinaire dont beaucoup de personnes dans le monde se souviendront avec affection. Un avis que ne partage pas l’Economic freedom fighters (EFF), troisième  grand parti d’Afrique du Sud, qui relève : «  au cours de son règne de 70 ans en tant que reine, elle n’a jamais reconnu les crimes perpétrés par la Grande-Bretagne et sa famille à travers le monde et était en fait un fier porte-drapeau des atrocités, […], sa mort est un rappel d’une période très tragique de l’histoire du pays et de l’Afrique ».

Sur les réseaux sociaux, les critiques sont parfois très dures et agressives. Certaines publications demandent le retour du diamant « Star of Africa », extrait en Afrique du Sud en 1905, figurant dans les joyaux de la couronne britannique. D’autres rappellent la guerre du Biafra à la fin des années 1960 -laquelle a fait plus d’un million de morts-, au cours de laquelle le gouvernement britannique a soutenu et armé le gouvernement nigérian, contre les sécessionnistes de la République autoproclamée du Biafra.

 Ainsi, la disparition de la reine aura ravivé des souvenirs parfois sanglants de la domination coloniale britannique : oppression, esclavage, atrocités contre la population indigène, vol de statues et objets d’art en Afrique de l’Ouest, puis vol de l’or et de diamants en Afrique australe et  en Inde.

A en croire d’autres critiques, la reine aurait pesé de tout son poids et de son influence pour empêcher la restitution des restes humains de ceux qui ont combattu la domination coloniale britannique. C’est le cas au Kenya et en Afrique du Sud, où certains citoyens réclament les têtes de héros comme Koitalel Samoei, qui a mené la résistance des Nandi dans l’actuel Kenya à la fin du XIXe siècle, et le roi Hinstsa kaKhawula du royaume xhosa d’Afrique du Sud, tué en 1835. Après que leurs corps ont été mutilés, les têtes des deux résistants ont été emmenées en Grande-Bretagne comme trophées. D’autres encore font référence au  massacre de Kényans pendant la rébellion des Mau-Mau. Si Gitu wa Kahengeri, un ancien combattant de la rébellion Mau-Mau, condamne les actions de la Grande-Bretagne, il dit avoir été endeuillé par le décès de la reine Elizabeth II. « […] Nous pleurons la reine parce que c’est une personne, un être humain », a t-il indiqué.

Après le message d’hommage du président kényan Uhuru Kenyatta, dans lequel il a qualifié la reine d’ « icône imposante du service désintéressé », les critiques désobligeants ne se sont pas faits attendre.  Plusieurs Kényans ont fustigé sa déclaration des quatre jours de deuil national.

Beaucoup ont regretté que la reine Elizabeth II ne se soit jamais excusée pour les crimes commis au nom de la colonisation. Toutefois, ils ont indiqué qu’elle avait reconnu des « épisodes pénibles et difficiles ».

 

Beatrice

 

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