Burkina- Faso : Procès Dabo Boukary : Gilbert Diendéré plaide non coupable

Cité dans le dossier judiciaire  Dabo Boukary, le général Gilbert Diendéré a raconté sa version des faits ce lundi 19 septembre au cours du procès. Appelé pour s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés sur le cadre du meurtre de l’étudiant Dabo Boukary le 19 mai 1990, Gilbert Diendéré, capitaine au moment des faits et chef de corps du Centre national d’entraînement commando de Pô, dit ne pas reconnaître les faits.

 Gilbert Diendéré raconte ne pas être à Ouagadougou au moment des faits. Il dit être revenu de la province le soir et ne s’est pas rendu au Conseil de l’entente ce jour-là. Il a été mis au courant du décès d’un étudiant, seulement tard dans la nuit par le sous-officier de permanence du Conseil de l’entente.

« C’est le soir, aux environs de 23 heures que le sous-officier de permanence est venu m’informer qu’un civil est mort à la permanence. Je suis allé voir à la permanence et j’ai vu le corps de Dabo Boukary. Je ne connaissais pas son nom. (…) J’ai demandé comment cela est-il arrivé. On m’a dit que c’est Somé Gaspard. Comme il n’était pas là, je suis allé immédiatement rendre compte au président du Faso », narre-t-il.

Selon le Général , le Président du Faso à l’époque, Blaise Compaoré, a été très en courroux en apprenant le décès de l’étudiant au sein du Conseil de l’entente. « Il était énervé. Il m’a dit que comme il en est ainsi, va prendre les dispositions pour l’enterrement. Je vais voir Salifou Diallo pour qu’il informe la famille », ajoute l’accusé.

Somé Gaspard était sous la responsabilité de Gilbert Diendéré, mais celui-ci a précisé devant le tribunal que dans la commission des actes qui ont conduit à la mort de Dabo Boukary, il n’était pas associé. « Somé Gaspard était sous mon commandement, mais il n’a pas agi sur mon commandement », a déclaré le Général au tribunal.

A la question du juge de savoir ce qui a entraîné la mort de Dabo Boukary, le Général  a répondu : « On m’a dit qu’ils ont été manœuvrés à travers des pompes, des pirouettes et autres, des exercices physiques. Dabo Boukary, lui, n’a pas supporté ça ».

C’est à Pô que Dabo Boukary a été enterré, le 20 mai 1990, selon Gilbert Diendéré.

Dabo Boukary, étudiant en 7è année de médecine avait été enlevé lors d’une lutte revendicative estudiantine le 19 mai 1990 par des militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle de Blaise Compaoré. Alors que ses camarades et familles attendaient son retour, ils n’ont appris que sa mort suite à des actes de torture auxquels il a été soumis.

Après 32 années de lutte menée par ses camarades, pour que la lumière soit faite sur cette affaire, l’annonce du procès le mois dernier a réjoui les étudiants burkinabè, notamment ceux de l’Union générale des Etudiants du Burkina (UGEB), association dont était membre la victime. Le mouvement estudiantin parle d’une « victoire d’étape » mais également exige « que tous ceux qui sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, soient appelés à comparaître et à répondre de leurs actes, quel que soit leur statut et fonction ».

Trois personnes se retrouvent dans le box des accusés. Il y a d’abord le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui aurait servi de guide et d’informateur aux militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle pour les interpellations des étudiants. Ensuite, il y a Magloire Victoire Yougbaré, sergent au moment des faits. Celui-ci est mis en examen pour avoir servi de conducteur du véhicule dans lequel Dabo Boukary a été transporté au Conseil de l’Entente.

Et enfin, dans ce box, on retrouve le général Gilbert Dienderé, accusé d’avoir ordonné l’enlèvement de l’étudiant.

Ces trois accusés sont poursuivis pour « complicité d’arrestation illégale, séquestration aggravée, complicité de coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner et recel de cadavre » entre autres.

 

Awa

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