Coups d’Etat en Afrique de l’Ouest: Les réactions à géométrie variable de la CEDEAO

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Alors qu’il lui est reproché depuis des années d’être devenue un syndicat des Chefs d’Etat de l’Afrique de l’ouest, au lieu d’être une organisation à l’écoute  des peuples et de leurs aspirations, la CEDEAO fait une fois encore planer le doute sur la quintessence de son existence, par son attitude  suite au coup de force que vient d’opérer le président Macky Sall.

Le Sénégal est rentré dans une crise politique depuis le 3 février 2024, depuis que le président sortant Macky Sall, a choisi unilatéralement  de s’offrir encore 10 mois à la tête du pays alors que son mandat devrait expirer après la présidentielle du 25 février. La CEDEAO qui nous a habitué à être intolérante devant aux putschs, a contre toute attente décidé d’adopter une attitude ambigüe sur ce coup d’Etat constitutionnel du président sénégalais.  Alors qu’il y’ a quelques mois seulement, cette organisation a été sans cœur contre le peuple nigérien au lendemain de la prise du pouvoir par une junte militaire conduite le général Tchiani. Outre le Mali et le Burkina qui étaient déjà sous les coups de sanctions économiques, l’organisation a poussé le bouchon trop loin avec le Niger, contre qui elle a prononcé de lourdes sanctions inhumaines et dégradantes  et allée jusqu’à activer sa force militaire en attente pour une intervention armée dans le pays. Tout ceci au mépris du peuple déjà meurtri par les attaques barbares des groupes terroristes et l’indifférence du régime de Bazoum face au fléau.

Pour cela, la prise du pouvoir par les militaires a été perçue par la population comme une bouffée d’oxygène et  une porte d’issue vers la souveraineté.

Et pourtant, malgré les dénonciations de l’opposition sénégalaise et protestations de la population, la CEDEAO peine même à employer le mot « condamner ».  Se contentant de dire qu’elle avec « préoccupation » suit la situation qui prévaut au Sénégal , l‘organisation régionale appelle toutes les parties prenantes à renoncer à la violence « et à toute action susceptible de troubler davantage la paix et la stabilité du pays ». Dans sa déclaration, elle a convié la classe politique au Sénégal à prendre « les mesures nécessaires » pour « rétablir le calendrier électoral ».

L’on se demande pourquoi cette politique de deux poids deux mesures face à la même situation? Pourquoi le Sénégal n’est-il pas sanctionné? Ce pays aurait-il plus de poids dans la balance de l’institution que les pays dirigés par des pouvoirs militaires? Autant de questions qui restent en suspens sur les lèvres. Car l’institution aurait dû avoir une  réaction  modérée dans  la crise politique du Niger, suite au coups d’Etat au Mali et au Burkina et aujourd’hui l’on en serait pas au retrait de ces trois pays de l’espace communautaire.

Aliou DRAMANE

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