Guinée : Contraintes à la liberté d’accès aux médias et aux réseaux sociaux

Guinée

En Guinée ce mercredi 29 novembre, la radio Espace FM s’est ajoutée à la liste des stations privées dont le signal a été brouillé, selon Aboucar Camara, président de l’Urtelgui (l’union des radiodiffusions et télévisions libres de Guinée). Les radios Djoma FM et Fim FM ont également été touchées par ces interférences. Emmanuel Millimono, journaliste à Fim FM, a rappelé que son média diffuse de l’information en continu, et les auditeurs sont familiers avec cette culture de l’information.

Il a exprimé les conséquences économiques de ces mesures sur les radios privées, des entreprises dont la survie est menacée, tout comme les emplois des salariés de la radio. « Sur le plan même de la liberté de la presse, de la liberté d’expression, qu’on dise que des médias ne pouvaient pas dire un seul mot de ce qui se passait, l’impact était énorme. Et on sentait cela au sein de l’opinion, nos auditeurs s’en indignaient car ils ne pouvaient pas accéder à l’information. » Alpha Diallo, président de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), a souligné l’augmentation du taux d’accès à internet dans le pays, avec plus de la moitié des Guinéens connectés, utilisant principalement les réseaux sociaux pour s’informer et communiquer avec leurs proches.

Avec cette restriction, Alpha Diallo a noté que la grande majorité des Guinéens ne pouvaient pas accéder à Facebook, Twitter, Instagram, impactant également une économie émergente autour des réseaux sociaux en Guinée. « Il y avait aussi une économie naissante autour des réseaux sociaux en Guinée », précise M. Diallo. « On avait des jeunes start-up dont l’activité dépendait principalement de ces réseaux sociaux, on avait également des entrepreneurs individuels qui utilisaient les réseaux sociaux pour faire du commerce en ligne. Tous ces acteurs voyaient leur activité s’effondrer ces derniers jours parce que la grande majorité des citoyens n’arrivait pas à contourner les restrictions pour accéder à ces plateformes. »

Du côté de l’Urtelgui, Aboucar Camara a affirmé qu’il s’agissait d’un acharnement du pouvoir, visant à museler la presse. « Rien ne semblait arrêter cette volonté de l’autorité de régulation des postes et télécommunications à faire taire la presse audiovisuelle, mais nous n’allions pas le laisser faire. Nous avions décidé que dans les prochaines heures, nous allions nous organiser de telle sorte que les émissions qui étaient en train d’être empêchées de réalisation puissent passer à travers des synchronisations sur l’ensemble du territoire avec les radios qui étaient réparties en trois groupes. »

L’ancien bâtonnier guinéen, maître Mohamed Traoré, avait également demandé que ces méthodes rétrogrades dignes des régimes totalitaires soient bannies.

Thierry Gchassama

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