Procès Dabo Boukary/ 20 ans de prison pour Gilbert Diendéré...

Le verdict du dossier de l’assassinat de l’étudiant Dabo Boukary est enfin tombé. La justice burkinabè condamne le Général Gilbert Diendéré qui écope déjà d’une peine de prison à vie pour le meurtre de Thomas Sankara et compagnons en 1987, à un nouveau châtiment de 20 ans de prison ferme et à une amende de 1 million de francs CFA.

Le verdict a été prononcé tard dans la nuit de mercredi à jeudi à l’issue du procès Dabo Boukary, ouvert ce lundi 19 septembre. Dabo Boukary, étudiant en 7è année de médecine a été séquestré et décédé en mai 1990 suite à des coups et tortures à lui infligé par des militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle de Blaise Compaoré .

Les principaux noms cités dans ce dossier de l’assassinat sont le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, et deux autres militaires, tous accusés de « complicité d’arrestation illégale, séquestration aggravée, complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner et recel de cadavre ».
Gilbert Diendéré, capitaine à l’époque des faits est déclaré coupable d’avoir ordonné l’enlèvement du corps de Dabo Boukary et son enterrement.

Le sergent Victor Magloire Yougbaré, était poursuivi pour avoir servi de chauffeur. Absent au procès parce que étant en fuite, il a été jugé par contumace et condamné à 30 ans ferme et 5 millions de FCFA (7482 dollars) avec mandat d’arrêt.

Le 3è condamné, colonel Mamadou Bamba était étudiant et délégué du comité révolutionnaire de l’Université de Ouagadougou à l’époque des faits. Le chef d’accusation retenu contre lui, est d’avoir informé les militaires pour l’enlèvement de Dabo Boukary, il a été condamné à 10 ans de prison ferme et 1 million de FCFA (1496 dollars).

La famille de la victime pour sa part réclame la somme de 1F symbolique aux coupables.

Rappelons que le 16 mai 1990, un mouvement de revendication estudiantine a été sauvagement réprimée par les forces de défense et de sécurité burkinabè qui avaient également arrêté certains manifestants avant de les conduire dans un camp militaire.

C’est dans ces conditions de détention dans une salle de bain abandonnée que l’étudiant Dabo Boukary, alors en 7e année de médecine a été tué le 19 mai de la même année, puis enterré dans la ville garnison de Pô, à 147 km au sud de Ouagadougou. Depuis cette date, malgré les manifestations de ses camarades étudiants et cris de douleur de sa famille, aucune nouvelle n’a été donnée : ni une déclaration officielle de son décès, ni l’indication du lieu où il a été enterré.

Au cours du procès ce mardi, Aboubacar Coulibaly, interrogé en tant que témoin oculaire, étudiant à l’Université de Ouagadougou au moment des faits, dit avoir été arrêté, détenu et avoir subi des sévices au sein du Conseil de l’entente avec d’autres étudiants dont Dabo Boukary. « Quand on me bastonnait, on arrosait Dabo Boukary et quand on arrosait Dabo Boukary, on me bastonnait », a-t-il confié au juge.

Un autre témoin, Sansan Jean-Yves Kambou, étudiant lui aussi à l’époque, co-détenu de Dabo Boukary a de son côté précisé que la victime a été tellement affaibli par les coups qu’il n’a pas réussi à inscrire son nom sur la feuille de papier sur laquelle il leur a été demandé d’écrire leurs noms. « Quand on nous a fait rentrer dans les toilettes, Dabo ne tenait plus sur ses jambes. En partant, il a vomi du sang et des grains de riz. Et quand ils nous ont poussés dans la maison, Dabo est tombé juste devant la porte et ils ont refermé » a souligné Kambou avant d’ajouter que c’est à ce moment qu’il a rendu l’âme.

Ce procès est l’épilogue d’une longue bataille de 32 ans menée par les organisations de défense des droits de l’homme et les étudiants burkinabè. Il a été retardé parce que confronté à plusieurs obstacles pendant les 27 années de gouvernance de Blaise Compaoré dont les accusés étaient très proches. Ce dernier a été chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 et condamné en avril dernier à la prison à perpétuité pour l’assassinat du père de la révolution au Burkina, Thomas Sankara.

Abdou