21 octobre 1993/21 octobre 2023: Il y’a 30 ans, le Burundi entrait en guerre civile; bref historique d’un conflit survenu suite à l’assassinat de Melchior Ndadaye

Melchior Ndadaye

Le 21 octobre 1993, le président Melchior Ndadaye issu de l’ethnie Hutu, mourait assassiné au cours d’un coup d’Etat à Bujumbura, 102 jours seulement après son élection en tant que chef d’Etat.

Sous la pression internationale, Pierre Buyoya, qui assumait la présidence, était contraint d’ouvrir le système politique en organisant des élections. Un scrutin, remporté le 1er juin 1993  par  et le parti hutu Frodebu (Front de la démocratie au Burundi), dirigé par Melchior Ndadaye.

Mais cinq mois plus tard, Melchior Ndadaye a été enlevé dans son palais par des soldats tutsis et assassiné. Le meurtre plonge alors le Burundi dans une guerre civile opposant l’armée, dominée par les Tutsis, aux groupes rebelles hutus. Le bilan humain de ce conflit politique interethnique est établi à plus de 300.000 morts et des milliers de déplacés vers les pays voisins.

L’assassinat de Melchior Ndadaye a provoqué une retard économique du Burundi

Selon l’ancien président burundais Sylvestre Ntibantunganya, « L’assassinat de Ndadaye a attisé la haine entre les Burundais qui se sont retournés les uns contre les autres et ont mené une guerre acharnée pendant plus de dix ans. Ce qui a fait régresser le pays économiquement ». 

La guerre a causé d’énormes pertes au pays, d’après les déclarations de Ntibantunganya, à la DW: « Parce qu’à ma connaissance, Melchior Ndadaye était une personne déterminée à lutter contre l’extrême pauvreté au Burundi et il avait des projets solides pour atteindre cet objectif. Mais aussi pour aider les Burundais à vivre ensemble en paix ».

La guerre civile au Burundi a pris fin avec l’Accord d’Arusha, en 2000, mais elle a laissé de profondes blessures. Le traité de paix a jeté les bases d’un partage du pouvoir entre les deux groupes ethniques à tous les niveaux : au sein du gouvernement, du Parlement, de l’administration, de la police et de l’armée.

La question des droits de l’Homme bat toujours de l’aile

Depuis, les lignes ont bougé : contrairement aux années 1990, les conflits actuels sont avant tout de nature politique et non ethnique. La violente répression des manifestations populaires en 2015, contre un troisième mandat controversé du président de l’époque, Pierre Nkurunziza, a encore fait reculer le pays sur le plan international.

Avec l’arrivée au pouvoir en 2020 du président actuel, Evariste Ndayishimiye, la politique étrangère du pays est devenue plus ouverte, mais il n’a pas encore opéré de changement de cap décisif sur le plan interne.

Bon nombre de ses promesses répétées de garantir la justice et de promouvoir la tolérance politique ne sont toujours pas tenues. Le président a nommé des partisans de la ligne dure du parti au pouvoir à des postes clés, a indiqué un rapport de Human Rights Watch de 2022.

Des meurtres, des actes de torture, des mauvais traitements, des arrestations arbitraires et des détentions de personnalités de l’opposition ont été signalés dans les rapports des groupes de défense des droits humains internationaux et burundais en 2022.

Le 12 octobre dernier, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, a donné son accord pour une prolongation d’un an de la surveillance de la situation au Burundi.  Mardi 17 octobre dernier, le président d’un parti d’opposition, le Codebu, est jeté en prison pour avoir critiqué le pouvoir burundais.

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