Niger: Que d’imbroglio et de paradoxe autour de la crise du Niger!

Crise du Niger

La crise au Niger repose le débat sur le fonds de la  démocratie en Afrique et de la souveraineté de nos états et mérite de profonde réflexions. S’il y’a bien quelque chose à retenir du coup d’état survenu le mois dernier à Niamey, c’est les manifestations à répétition qui ont suivi l’événement, les décisions irréfléchies de la CEDEAO sous influence de la France, et les réponses controverses données par les instances continentales et des décideurs politiques à travers le monde sur l’option militaire brandie par l’institution régionale.

L’organisation ouest- africaine après la série de sanctions inhumaines et dégradantes prises contre tout un pays « pour libérer Bazoum », se retrouve face un peuple résilient mais surtout déterminé à arracher sa liberté quelque soit le prix à payer, et ne cesse de témoigner son soutien à la junte au pouvoir à travers des manifestations monstres. Une preuve qu’ils voient en les militaires qui ont renversé Bazoum des libérateurs. Quelle fermeté!

Le constat flagrant est qu’aucun nigérien ne lève le petit doigt pour défendre ou réclamer le retour du président  déchu qui se réclame pourtant « démocratiquement élu » et pour qui les Chefs d’Etat corrompus de l’Afrique de l’ouest bouillonnent . Quel paradoxe!

Bazoum est-il réellement élu par les nigériens ou est-ce un dirigeant imposé aux nigériens? Celui-ci dans ses quelques déclarations faites depuis sa résidence où il est maintenu par les unités de la garde présidentielle qui l’ont déposé, lance des appels à la communauté internationale, notamment à la France et aux Etats Unis pour « voler à son secours ». Il s’adresse au monde entier sauf à son peuple. Pourquoi ne fait-il appel à son peuple qui suppose-t’on a voté pour le faire accéder au fauteuil présidentiel? N’a t’il pas foi en ses supposés électeurs? Vraiment marrant!

Le pire est la gestion de la crise par la CEDEAO. Une organisation qui est censée défendre les intérêts de son espace et de ses résidents, mais qui fait fi de la volonté et des aspirations du peuple nigérien et préfère se soumettre aux diktats de la France qui ne pense qu’à conserver ses intérêts quitte à massacrer tout le pays sahélien. Au même moment les populations subissent depuis plusieurs années les affres du djihadisme et attendent une réaction franche et efficace de cette même CEDEAO qui en un temps record a activé sa force en attente pour « rétablir  l’ordre constitutionnel au Niger ». Quelle absurdité!

De l’autre côté, la France, qui n’est ni membre de la CEDEAO ni de l’Union Africaine a déployé ses militaires et avions de guerre pour venir mettre le Niger à feu et à sang. Pourquoi tient-il autant à Bazoum au lieu de tenir compte de la vie des nigériens? A moins qu’il soit un élément clé de sa sale politique qu’il mène dans la sous-région. Tout cet arsenal qu’il a sorti pour venir libérer son servile Bazoum, pourquoi ne l’avait-elle pas déployé pour éradiquer le terrorisme au Sahel malgré la présence de ses militaires dans la région depuis 2015. Une véritable fourberie!

Les acteurs politiques, de la société civile et toute la communauté africaine doivent se saisir de ce cas d’école du Niger, pour repenser sérieusement et profondément les bases de la démocratie en Afrique pour le bien de tous.

Mariam ADAMA

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